Stations services : à quand la panne sèche ?

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Selon une étude de la Fédération nationale de l'artisanat automobile (FNAA), depuis 1975, 35 200 propriétaires-exploitants de stations-service ont mis la clé sous la porte. Un chiffre inquiétant qui propulse la France au bord de la désertification !

La FNAA s'appuyant sur une étude de la DATAR; a récemment publié des chiffres étonnants mais pourtant vrais : Quatre millions d’automobilistes pourraient être concernés par la désertification des stations services à court terme. Dans le détail, actuellement, environ 300 000 personnes ne disposent pas de station service à moins de dix minutes en voiture de leur domicile. Si cette station devait fermer, ils seraient alors près de 4 millions de personnes à devoir parcourir des dizaines de kilomètres avant de trouver une pompe à essence. Un spectre de désertification qui est bien réel puisqu'en effet, selon les estimations de la FNAA, d'ici au 1er janvier 2014, 1 600 stations services pourraient bien fermer leurs portes faute d'avoir les moyens de se mettre en conformité aux nouvelles normes environnementales ! « Parmi ces 1 600 stations fragilisées, 871 ont été identifiées comme des « stations-clés », c'est-à-dire celles dont la disparition plongerait les automobilistes, les entreprises et les services publics concernés dans une périlleuse situation de pénurie » note la FNAA dans un communiqué. Sachant qu'aujoud'hui, l'hexagone ne compte plus que 12 300 stations-services contre 47 500 en 1975, un quart de la population française doit parcourir plus de 5 kilomètres en moyenne pour faire le plein. Selon les chiffres officiels de l’Inspection Générale des Finances (IGS), la France présente une densité de stations-service dramatiquement basse (2,1 stations aux 100 km2 contre 3,1 dans l’U.E. et 4,3 en Allemagne). Ce phénomène de désertification ne touche pas seulement les zones rurales, précise la FNAA. A Paris et petite couronne, aujourd'hui l'on dénombre 122 stations-service et l'on estime qu'il n'en restera en 2020 que 39 !

Deux solutions-clés selon la FNAA

En février dernier, la FNAA inquiète de voir ses appels à la vigilance restés lettre morte a décidé d’interpeller le Président de la république, en lui présentant deux solutions qu’elle préconise depuis de longs mois. La première des solutions est de rééchelonner les délais de mises aux normes environnementales. Cette solution a déjà été évoquée par un récent rapport de l'IGS. Elle consiste à reprogrammer « une mise en conformité des stations non conformes sur cinq ans, de 2013 à 2017 » afin de lisser l’effort financier imposé. Selon la FNAA, cette première solution est rendue d'autant plus nécessaire que « les aides que les stations concernées peuvent et ont pour la plupart sollicitées auprès du CPDC (Comité Professionnel de la Distribution de Carburants) sont très lentes à venir ». Actuellement, 2 347 dossiers sont en attente de traitement, « dont 1 010 concernent ladite mise en conformité. Le CPDC estime qu’il faudra au moins 3,5 ans pour traiter tous ces dossiers en attente. » La seconde solution mise en avant par la FNAA consiste à déployer un Contrat d’Avenir pour ces stations, sur une période 3 ans. « Ce Contrat d’Avenir prendrait toute la mesure du rôle d’utilité publique que les stations-service jouent en France et pourrait être aisément financé par chacun des acteurs de la filière (Etat, Pétroliers et GMS) ». Le Contrat d'Avenir pourrait permettre aux artisans détaillants en carburants de bénéficier de mesures fiscales avantageuses, et « d’aides supplémentaires de soutien en faveur des mises aux normes et de la diversification de leurs activités permettant de déployer des services vers les consommateurs. »

Le marché de la distribution de carburant

Selon les chiffres du Conseil National des Professions de l'Automobile (CNPA), depuis le 1er janvier 1985, environ 26 000 stations traditionnelles ont disparu, soit 3 par jour, alors que dans le même temps, le nombre de stations-service en GMS a été multiplié par plus de 2. Entre 2010 et 2011, selon le Comité Professionnel du pétrole (CPDP), le nombre de stations est passé de 12 158 à 12 000 (- 158) entre 2010 et 2011, soit – 1,3 %. Dans le même temps, les grandes surfaces ont augmenté leur implantation pour se situer à 4 907 points de vente (+ 1 %). En 2011, Le réseau traditionnel hors GMS s’élève ainsi à 7 093 stations, dont environ 2 351 officielles appartenant aux compagnies pétrolières et 4 742 pour les propriétaires exploitants. Avec la disparition des stations service, les parts de marché de GMS sont passées de 20 % en 1985 à 63 % en 2011. La très forte concurrence qui existe sur le marché français se traduit par des marges brutes les plus faibles d'Europe. La part du réseau aux couleurs d'une marque pétrolière concerne 45 % des points de vente de carburants. TOTAL, avec 4 046 stations, soit 74,7 % des points de ventes aux couleurs et 33,7 % de l’ensemble des stations-service domine largement le marché; Ses challengers sont AVIA, avec 784 points de vente, ESSO avec 698 stations, BP (DELEK) 402, SHELL 87 et AGIP pour 181 emplacements.

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