L'écotaxe poids lourd reportée

Report de l'application de l'écotaxe poids lourds

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Imaginée sous Sarkozy dans le cadre des accords du Grenelle, l'écotaxe poids lourd devait être effective au 1er octobre prochain. Finalement, sa mise en application est repoussée au 1er janvier 2014.

Depuis des années, le leitmotiv est le même : pour polluer moins, les marchandises sont invitées à passer au rail. Une idée plutôt bonne en soi, mais le ferroviaire ou le fluvial peinent à convaincre. A coût équivalent, les transporteurs, et leurs clients, continuent de privilégier la route. D'où l'idée d'augmenter le coût de la route, et c'est là toute la problématique de l'écotaxe poids lourds : ajouter des coûts pour inciter les acteurs à trouver des solutions alternatives moins chères et surtout moins polluantes. Une belle intention pour avancer sur le bilan carbone de la France, qui au passage ramène de l'argent aux caisses de l'Etat d'ailleurs (1,2 milliard d'euros par an), mais de l'intention à l'action, le gouvernement patine avant de faire une marche arrière stratégique.

Un serpent de mer ?

Actée dans le cadre du Grenelle de l'environnement en 2007, l'écotaxe est longtemps restée un vœux pieu se heurtant à toute la force des lobbys routiers. D’abord prévue pour 2011, l'écotaxe a fini par être votée par la gauche en avril dernier pour une application prévue initialement en juillet. Mais comme l'ont annoncé les ministres des transports Frédéric Cuvillier et du budget Bernard Cazeneuve, le 5 septembre dernier, sa mise en application sera repoussée une nouvelle fois du 1er octobre prochain au 1er janvier 2014. Pourquoi repousser de nouveau ? Parce que les enregistrements des flottes de camions concernés, soit les poids lourds de plus de 3,5 tonnes transportant de la marchandise et circulant sur le réseau national non payant,soit 12.000 km de routes nationales et 2.000 km de routes départementales, sont loin d'être bouclés : à peine 20.000 camions enregistrés en août dernier sur les 600.000 à 800.000 concernés. Hors si les camions ne sont pas enregistrés, ils ne disposent pas en cabine du boitier chargé de suivre leurs mouvements à chaque fois qu'ils passent un portique mis en place sur le réseau national par Ecomouv, la société chargée de la gestion et la collecte de cette taxe. Un manque de préparation et d'anticipation que les ministres reportent sur le gouvernement précédent Ainsi, le système hérite de dysfonctionnements persistants. « Dès lors, l'État n'a pas accepté de valider en l'état l'aptitude au bon fonctionnement du système et a demandé à son partenaire de livrer dans les meilleurs délais un dispositif corrigé, conformément au contrat de partenariat » indique le communiqué officiel. En d'autres termes, les bonnes intentions devront attendre !

Repoussée mais pas enterrée

Du côté des professionnels de la route, c'est un sursis, mais certainement pas un non lieu. L'écotaxe passera. « Le principe de contribution environnementale n’est pas remis en cause », a ainsi assuré Frédéric Cuvillier. Et cela passe mal évidemment, car en effet, même si le gouvernement a prévu en avril dernier dans le cadre de la loi, d'obliger les professionnels du transport à augmenter leur prix et donc à répercuter la taxe sur leurs clients, cette opération ne sera pas indolore pour les compagnies de transport. Face à cette taxe de trop, l’Organisation des transporteurs routiers européens, qui représente les TPE et PME du secteur, s'est rebiffée cet été. Elle a ouvertement appelé les transporteurs à boycotter la mesure, en ne s’enregistrant pas auprès d’Ecomouv. Et ce mot d'ordre a semble-t-il été entendu en atteste le retard pris par les enregistrements des flottes. Sachant que les transporteurs disposent de moyens de pression puissants, comme les blocus des raffineries dont tout le monde se souvient il y a quelques années, sans nul doute, le bras de fer ne fait que commencer...

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